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Maia, M. (2004).  Comportements à risque et sexualité. Agora débats/jeunesse. 35, 22-31
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M. A. Maia,  " Comportements à risque et sexualité", in Agora débats/jeunesse, no. 35, pp. 22-31, 2004
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TY  - JOUR
TI  -  Comportements à risque et sexualité
T2  - Agora débats/jeunesse
IS  - 35
AU  - Maia, M.
PY  - 2004
SP  - 22-31
SN  - 1268-5666
AB  - L'objectif premier de ma recherche était d'évaluer le poids de l’appartenance socioculturelle dans les représentations et le vécu de la sexualité de jeunes des 13 à 20 ans scolarisés dans la banlieue de Paris. 
La banlieue parisienne est un territoire pluriel, constitué de différentes villes et quartiers avec des profils dessinés par la condition sociale de leurs habitants. C'est-à-dire, il y a des quartiers, ou même villes, peuplés majoritairement par les classes défavorisées, où se concentrent les immigrés, et d’autres villes peuplées majoritairement par les classes moyenne et aisée. Comme dirait P. Bourdieu, il y a d'une part les "héritiers" et d'autre part "déshérités". 
Le profil social des personnes dictent leurs comportements et leurs représentations sociales jusqu'aux zones les plus intimes de leur vie, telle la sexualité. Celle-ci revêt, dans les comportements comme dans les représentations, des formes multiples, que nous avons trouvé dans des populations voisines mais séparées par la condition sociale et par le contexte scolaire dans lequel elles s'insèrent. 
Ces populations se distinguent aussi par les connaissances, les croyances, les attitudes et les pratiques en ce qui concerne les maladies sexuellement transmissibles.
J’ai réalisé une enquête de terrain dans 4 établissements scolaires : un collège public, le collège Fabien, et un lycée public, le lycée Jean Jaurès, à Montreuil, et 2 établissements catholiques privés, l’institution notre dame de la providence et le lycée Gregor Mendel, à Vincennes.
Les établissements publics sont fréquentés surtout par des adolescents des classes moyennes et défavorisées, et la diversité culturelle est assez importante : seul 18%  des élèves ont des parents français. Les établissement privés sont fréquentés surtout par des adolescents des classes aisées, et la diversité culturelle est moindre :  77% des élèves ont des parents français.
Montreuil est une ville de la Seine-Saint-Denis, d’environ 90 000 habitants, le pourcentage de la population étrangère est de 18,7% et le taux de chômage est de 19%, supérieur à la moyenne nationale. Le taux de chômage parmi les étrangers est de 36,2% selon les chiffres de 1999. 
Vincennes est une ville du Val-de-Marne qui compte 45 000 habitants. Le Val de Marne est le département le moins densément peuplé de la proche banlieue, le pourcentage de la population étrangère est de 8,7% et le taux de chômage de 10,6%, inférieur à la moyenne nationale (qui était de 12,5% en 1999) et donc bien inférieur à celui de Montreuil.
J’ai fait des entretiens avec des élèves des établissements cités, ainsi qu’une enquête par questionnaires auprès de plus de 200 élèves du collège Fabien, âgés de 13 à 19 ans, et plus de 200 élèves de l’institution NDP, sensiblement du même âge.
Ce sont des adolescents qui sont socialisés dans des milieux différents et qui ont des manières de parler, de s’habiller, de gesticuler différentes, des aspirations et des projets de vie différents, des représentations et des comportements amoureux différents. La (sous)culture n’est donc pas la même en fonction des diverses classes sociales.
À Montreuil, les origines culturelles sont diversifiées, mais cela ne fait que très peu de différence dans leurs comportements. C’est la culture de classe qui prévaut. C’est le milieu social qui façonne avant tout les attitudes, les valeurs, les représentations et  le vécu des jeunes. 
Ce sont des adolescents qui ne se mélangent pas ou très peu. Ils manifestent même un certain mépris les uns envers les autres (c-à-d, entre « racaille » et « bourges »), conscient qu’ils n’appartiennent pas au même « groupe ». 
Ils ne recrutent pas leurs (petits)amis dans les même réseau de sociabilité, d’abord parce qu’ils ne fréquentent pas les mêmes endroits, à commencer par l’école. Le type d’école que fréquentent les uns et les autres diverge.
Le collège et lycée Jean Jaurès compte 1600 élèves. C’est un lycée « à problème » : bagarres, racket, drogue, vols, violence contre les professeurs font partie du quotidien. Les conditions matérielles ne sont pas les meilleures : l’établissement est un peu dégradé, il y a des pannes de chauffage, les classes sont surpeuplées, l’absentéisme des enseignants est important. Le taux de réussite au bac est inférieur à la moyenne nationale : il est de 64% contre 75% pour le bac général en 97.
La Providence est tout le contraire, c’est un établissement « élitiste ». C’est un établissement payant (1500 – 2000 F par trimestre). Il compte seulement 600 élèves (350 au collège et 250 au lycée). La porte est constamment fermée, les entrées et sorties sont toujours surveillées. L’institution NDP présente 98% de réussite au bac en 97. La sélection y est importante : l’élève doit passer un examen d’accès pour s’y inscrire, ensuite il peut se perdre le droit à la ré-inscription si ses résultats scolaires sont médiocres ou s’il ne respecte pas les règles de l’établissement : par ex. les absences injustifiées, les tenues inconvenantes, les mauvais comportements, etc… Les élèves ne peuvent pas sortir de l’établissement sans l’accord des parents, le pull autour de la taille et les survêtements sont mal vus, les walkman, game boy et casquettes interdits, les garçons ne peuvent pas porter de boucles d’oreille et les filles pas trop de maquillage et pas de jupes trop courtes. Pas de piercing non plus.
La compétition entre les élèves est rude. Les résultats scolaires sont un critère de sélection des amis, ainsi que les signes de richesse et la conformité aux normes de classes.
Les représentations de la sexualité et les comportements amoureux sont façonnés par le contexte social. Par exemple, les adolescents des milieux défavorisés estiment que ce sont les hommes qui ont le plus besoin de rapports sexuels alors que les femmes auraient davantage besoin d’affectivité. Les adolescents des milieux aisés font moins de distinction de genre à ce sujet. Lorsqu’on descend dans l’échelle sociale l’impératif de virilité et les représentations machistes tendent à prendre plus d’importance.
ER  -